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Le charme fou des carreaux de ciment

Si le ciment, mélange de calcaire, d’argile et d’eau, était déjà connu des Egyptiens, il n’a cessé d’être amélioré. Et c’est l’invention du ciment blanc en 1870, remarquable par sa finesse, qui a permis la fabrication des carreaux de ciment.

Près de Montélimar, dans l’Ardèche, une petite commune médiévale, qui est aussi le berceau des ciments Lafarge, est à l’origine du carreau de ciment, une création artisanale, à base d’un mélange de sables, de ciment et, pour le décor, d’oxydes métalliques colorés. Le procédé de fabrication a été inventé vers 1850. Il permet d’obtenir des carreaux extrêmement résistants à l’usure et au passage car teintés dans la masse.
Imaginée à l’origine pour décorer les murs et les sols des maisons bourgeoises, la technique s’est répandue dans le monde entier, dans les pas de la colonisation, du Maroc à l’Amérique du Sud. Puis, dans les années 60, les carreaux en céramique ont détrôné cette technique ancienne. Mais c’était sans compter sur l’élan de nostalgie et le goût pour le vintage qui se sont emparés de nos contemporains en matière de décoration. La technique s’étant conservée, les carreaux de ciment font un retour en force. Unis ou composés de motifs colorés, ils permettent des assemblages aussi riches que les plus somptueux des tapis.
Difficile de rester insensible à leurs jeux de couleurs très décoratifs, à leur charme désuet et à la douceur de leur matière.

Une fabrication artisanale
Très concurrencée par les céramiques émaillées industrielles, la fabrication des carreaux de ciment s’est arrêtée en Europe dans les années 70. Le Maroc demeure aujourd’hui le principal producteur. La fabrication se fait manuellement, dans un moule où l’on coule un mortier liquide très fin.
Pour réaliser un carreau à motifs, un diviseur est placé dans le moule. Il s’agit d’une sorte de pochoir en laiton constitué d’autant de cases qu’il y aura de motifs et de couleurs à couler. Au final , chaque carreau peut-être légèrement différent du précédent. C’est ce qui contribue à leur charme et permet de les intégrer en toute harmonie dans les intérieurs anciens ou contemporains. D’autant que l’on trouve aussi bien des carreaux à motifs géométriques, copies de carrelages anciens, que des motifs marocains, voire complètement nouveaux. Les carreaux peuvent présenter un motif indépendant ou doivent être assemblés par deux, trois ou plus afin de former un motif complexe, véritable tapis de sol, au décor unique.
Atout supplémentaire : contrairement au carrelage industriel, plus le carreau de ciment vieillit, plus il est beau.
Les carreaux anciens sont très recherchés.

Traiter, entretenir
Une fois par an, il faut traiter les carreaux de ciments pour les protéger, les imperméabiliser, rehausser et satiner leurs couleurs. A faire en été quand le sol est bien sec : enlever les taches à l’aide d’un abrasif très fin (000) puis essuyer la poussière. Laver au savon de Marseille. Surtout ne pas utiliser de Javel.
Plusieurs techniques de finition sont possibles...
- La cire : appliquer une cire pour marbre liquide et incolore. Elle imperméabilise le ciment et lui donne un éclat satiné.
- L’huile de lin : elle imperméabilise le sol mais jaunit légèrement les carreaux donc à éviter sur les carreaux blancs et pastel.
- Le bouche-pore : à appliquer au pinceau ou à l’éponge en 2 à 3 couches en suivant bien les instructions du fabricant. Il imperméabilise et protège en profondeur les carreaux contre les taches.
- Par cristallisation : cette technique ne peut être réalisée que par un professionnel expérimenté. Il fait briller les carreaux de ciment comme de l’émail.